La revue

Dans cette recension du dernier ouvrage de Michel Aglietta et Étienne Espagne, Laurent Baronian met en évidence la nouveauté et l'importance des thèses défendues. Il insiste notamment sur la signification du passage de la notion, classique dans la théorie de la régulation, de "régime d'accumulation" (centrée sur la relation capital/travail) à celle de "régime de viabilité" (centrée sur la contradiction capital/terre). Il déploie les implications de ce changement et souligne certaines de ses limites, notamment pour ce qui est du rôle accordé par les auteurs aux "régimes monétaires" qui accompagnent ces mutations.

La Tech sous Trump (1/2)

Cet article est la première partie d'un diptyque consacré au numérique dans le contexte créé par l'élection de D. Trump. Sébastien Broca y revient sur les origines idéologiques de l'extrême-droite technologique, en analysant trois tendances anti-démocratiques (libertarianisme, prométhéisme, néo-fascisme) profondément ancrées au sein de la culture numérique. Il s'arrête aussi sur les éléments matériels qui expliquent le rapprochement entre la Tech et le trumpisme, dans le cadre d'une alliance renouvelée entre l'État américain et les grandes entreprises.

Un paysage numérique très contrasté d'un train allant vers l'ouest avec des colonies en bas à gauche. L'image comporte cinq cases symbolisant la vision par ordinateur, avec des textes tels que « colons », « montagnes accueillantes », « l'avenir nous attend » et « population autochtone », qui est inexistante.

Critique de la notion de commun négatif

Avec l'accélération des catastrophes liées au dérèglement climatique, on assiste à un regain des thèses effondristes qui touche désormais, avec la mise en avant du thème des "communs négatifs", la réflexion sur les communs. Benjamin Coriat montre que cette notion - qui traite en fait de "non communs" - n'a aucune consistance véritable. Il critique ses implications politiques, qui consistent à s'organiser pour "survivre parmi les ruines". A l'opposé de cette perspective, l'article explique comment il est possible de prendre soin du monde et de faire face à la "tragédie des non communs".

La mer, là où les dechets issus de l'extractivisme sont les moins visibles et pourtant si présents

Comment le trou noir du capitalisme capture et emprisonne notre système alimentaire (1/2)

L'agronome Tanguy Martin montre dans cet article comment notre système alimentaire dépend d'une technostructure : le complexe agro-alimentaire industriel construit par des années de néolibéralisme agricole. Tout en soulignant les difficultés considérables d'une transition vers des formes écologiques et paysannes, il invite à démanteler les exploitations agricoles industrialisées et à porter d'autres récits du monde agricole, autour des communs.

Photo aérienne d'une grande exploitation agricole

SOUTENIR ENCOMMUNS

Merci de nous aider à faire vivre les communs dans le débat public !

D’une logique de marché à une politique de communs

Depuis plusieurs années, des médicaments - souvent essentiels - ne sont plus disponibles en pharmacie, en rupture de stocks pour des périodes indéterminées. Dans cet article, Gaëlle Krikorian décrypte le mécanisme qui conduit à cela : pourquoi et comment nombre de firmes pharmaceutiques se replient sur les marchés et les produits les plus rentables ? À partir de cette situation, elle explique comment la question des médicaments est entrée dans le champ des communs, et présente les conditions qui doivent, selon elle, être réunies pour faire des médicaments des biens communs, et mettre fin aux pénuries.

Philippe Bizouarn est médecin anesthésiste-réanimateur et philosophe. Dans ce texte il propose d'engager la réflexion sur la liaison entre éthique et commun(s) en s'attachant plus particulièrement au lien entre pratique éthique et commoning. Comme l'indique l'auteur, "le parcours proposé est semé d'embûches". Cependant, la voie ouverte par ce premier essai pourrait bien constituer une perspective enrichissante pour penser l'avenir des communs.

Leçons de la pandémie de covid‑19

À l'heure où une épidémie de mpox menace de s'étendre conduisant l'OMS à déclarer que cette épidémie est une urgence de santé publique de portée internationale, il nous a semblé utile de revenir sur l’expérience de la pandémie de covid‑19 pour rappeler la nécessité de faire des produits de santé des biens communs. Ce faisant, nous montrons comment une "approche par les communs" peut permettre d'y parvenir.

Grâce au travail de traduction d'Antoine Constantin Caille, nous publions en français quatre textes du "poète-paysan" John Clare (1793-1864). Comme le souligne Sarah Vanuxem dans sa présentation, ces poèmes conduisent à envisager les communs fonciers traditionnels comme des milieux peuplés d'humains et de non-humains. S'y exprime avec force ce qu'on appelle désormais solastalgie, soit la détresse causée par la destruction des écosystèmes sous l'effet de l'industrialisation et de la privatisation.

Alors que le néolibéralisme autoritaire montre chaque jour ses conséquences délétères, Bruno Carballa propose dans sa recension de l’ouvrage "Ni público ni privado, ¿sino común? "de réfléchir aux contours d’un projet politique global articulé autour des communs.

INSCRIPTION À NOTRE NEWSLETTER

Inscrivez-vous si vous souhaitez être informés de nos prochaines parutions !

Éditorial - Les communs sont porteurs d'un nouveau récit et d'une nouvelle manière d'habiter le monde, en rupture avec le productivisme et l'extractivisme. A l'heure où ils font l'objet de multiples récupérations et instrumentalisations, nous pensons que leur avenir en tant que concept est en jeu. C'est pourquoi nous lançons la revue EnCommuns en précisant le sens et les contours de notre projet, en lien avec une analyse de la conjoncture présente.

Entretien avec A. Burret et Y. Duriaux

À l’occasion de la sortie du livre d'Antoine Burret, "Nos tiers-lieux", et alors même que les tiers-lieux sont devenus un objet de politique publique, la revue EnCommuns propose un long entretien conduit par Benjamin Coriat et Corinne Vercher-Chaptal avec Antoine Burret et Yoann Duriaux, tous deux co-fondateurs du réseau TILIOS (Tiers-Lieux Libre et Open Source). L’occasion de revenir sur l’histoire du mouvement des tiers-lieux en France, de discuter leur sens et leur rôle dans la société et d’alerter sur les risques de captation, tant par le marché que par les politiques publiques.

Deux modèles politiques en conflit

Pendant la Révolution française, il existe plusieurs manières de penser l’intérêt général, qui correspondent à différentes conceptions de la république (res publica), au sens large du bien commun et de son gouvernement. Condorcet associe l’intérêt général à la propriété exclusive, la liberté économique engendrant naturellement une harmonie sociale. Robespierre conçoit l’intérêt général à partir du droit à l’existence et du contrôle de son effectivité par les citoyens. Revisiter cette dernière tradition républicaine fournit des ressources pour critiquer l'idée actuelle selon laquelle l'État serait le seul garant de l’intérêt général.

Cet article revient sur l'affaire qui en 1885 opposa la Ville de Rome au propriétaire de la Villa Borghèse. La lecture contemporaine de cette affaire pourrait bien ouvrir des pistes pour penser un droit collectif d'accès à la nature où le droit de déambuler ne serait pas attaché à une personne ni même à une communauté d'habitants mais à un milieu de vie.

Dans ce texte initialement paru en 2022, l’anthropologue du numérique Christopher Kelty revient sur les transformations d’internet et ses promesses brisées. Dans un style singulier et personnel, il raconte comment les ambitions d’ouverture et d’accès à la connaissance, dont il a été à la fois témoin et acteur, ont paradoxalement nourri la clôture autoritaire de l’utopie numérique. Il révèle ainsi cet étrange retournement : comment se fait-il que l’internet que nous aurions pu avoir ait contribué à faire advenir l’internet que nous avons ?