Intérêt général

Philippe Bizouarn est médecin anesthésiste-réanimateur et philosophe. Dans ce texte il propose d'engager la réflexion sur la liaison entre éthique et commun(s) en s'attachant plus particulièrement au lien entre pratique éthique et commoning. Comme l'indique l'auteur, "le parcours proposé est semé d'embûches". Cependant, la voie ouverte par ce premier essai pourrait bien constituer une perspective enrichissante pour penser l'avenir des communs.

D’une logique de marché à une politique de communs

Depuis plusieurs années, des médicaments - souvent essentiels - ne sont plus disponibles en pharmacie, en rupture de stocks pour des périodes indéterminées. Dans cet article, Gaëlle Krikorian décrypte le mécanisme qui conduit à cela : pourquoi et comment nombre de firmes pharmaceutiques se replient sur les marchés et les produits les plus rentables ? À partir de cette situation, elle explique comment la question des médicaments est entrée dans le champ des communs, et présente les conditions qui doivent, selon elle, être réunies pour faire des médicaments des biens communs, et mettre fin aux pénuries.

Alors que le néolibéralisme autoritaire montre chaque jour ses conséquences délétères, Bruno Carballa propose dans sa recension de l’ouvrage "Ni público ni privado, ¿sino común? "de réfléchir aux contours d’un projet politique global articulé autour des communs.

Leçons de la pandémie de covid‑19

À l'heure où une épidémie de mpox menace de s'étendre conduisant l'OMS à déclarer que cette épidémie est une urgence de santé publique de portée internationale, il nous a semblé utile de revenir sur l’expérience de la pandémie de covid‑19 pour rappeler la nécessité de faire des produits de santé des biens communs. Ce faisant, nous montrons comment une "approche par les communs" peut permettre d'y parvenir.

Deux modèles politiques en conflit

Pendant la Révolution française, il existe plusieurs manières de penser l’intérêt général, qui correspondent à différentes conceptions de la république (res publica), au sens large du bien commun et de son gouvernement. Condorcet associe l’intérêt général à la propriété exclusive, la liberté économique engendrant naturellement une harmonie sociale. Robespierre conçoit l’intérêt général à partir du droit à l’existence et du contrôle de son effectivité par les citoyens. Revisiter cette dernière tradition républicaine fournit des ressources pour critiquer l'idée actuelle selon laquelle l'État serait le seul garant de l’intérêt général.

Cet article revient sur l'affaire qui en 1885 opposa la Ville de Rome au propriétaire de la Villa Borghèse. La lecture contemporaine de cette affaire pourrait bien ouvrir des pistes pour penser un droit collectif d'accès à la nature où le droit de déambuler ne serait pas attaché à une personne ni même à une communauté d'habitants mais à un milieu de vie.

Éditorial - Les communs sont porteurs d'un nouveau récit et d'une nouvelle manière d'habiter le monde, en rupture avec le productivisme et l'extractivisme. A l'heure où ils font l'objet de multiples récupérations et instrumentalisations, nous pensons que leur avenir en tant que concept est en jeu. C'est pourquoi nous lançons la revue EnCommuns en précisant le sens et les contours de notre projet, en lien avec une analyse de la conjoncture présente.